Acné ou apnée ? Bof ! La sécu tranchera !

Parait que j'ronfle. Telle une vieille chaudière récalcitrante. Pas trop récalcitrant, j'ai vu le toubib. Il m'a branché un appareil très chiant pour pioncer. Le toubib s'est penché sur la question. Le verdict est tombé. Implacable, voir impressionnant : « l'apnée obstructive grave du sommeil ». J'ai essayé d'écrire quelques pensées poétiques autour de ce diagnostic. Je n'ai pu sortir que de vaines billevesées. L’appellation en elle-même est tout un poème. « L'apnée obstructive... ». J'ai pris une poivrade en stop. Il n'a plus de permis de conduire à cause d'une « acné » obstructive. Il a bien dit « acné » au lieu « d'apnée ». Parfois un coup dans le pif vous clarifie la pensée. C'est bien mieux une « acné » obstructive. Faut se farcir un appareil pour dormir. Deux heures sans respirer : une apnée sévère. Pendant deux heures je fais le mort. Je n'ai aucun souvenir du monde de l'au-delà. Il paraît qu'il est beau. Plus beau que celui d'en bas. A partir de dorénavant, je me branche un appareil pour dormir et je ne retiens plus mon souffle. Avec mon appareil, j'ai un faux air de DARK VADOR. Et le matin j'ai les marques de l'appareil sur la tronche. Mon fils me dit que j'ai dormi avec mon slip sur la tronche. Je fais peur avec mon appareil, même les cauchemars m'évitent. Je ne fais plus mouiller ma chérie. Tous les soirs je le branche en bon élève. Un pote m'avais dit : « mais tu ne crains pas que cela soit un remède à l'amour ? Ta chérie va te tourner le dos, fais gaffe ! ». Il avait raison. Vaut mieux ronfler. C'est un appareil électrique, électronique. Un mec vient tous les trois mois faire un relevé des performances. Çà dit que je suis un bon gars. Que j'utilise l'appareil 7 heures par nuit. Que je ne loupe pas un jour, ou une nuit plutôt. Que je ne fais plus « d'acné » (ça c'est quand j'ai trop picolé autrement, c'est plus d'apnée). Je ne vais plus dans l'au-delà de la vie. Le toubib me dit : « bravo ! ». Ma chérie me dit : « Merde ! ». Le toubib, lui aussi, reçoit les stats. Tous les jours, 7 heures par nuit, sans apnée, mais sans câlin. La sécu reçoit une demande de prise en charge signée par le toubib. Le mec de l'appareil a relevé les résultats. Ils sont transmis d'office au toubib. Tout le monde a les données de l'affaire. C'est au poil. L'autre jour, le mec est venu faire ses relevés. Il a ajouté un appareil de contrôle à la demande de la Sécu. Faut vérifier si j'utilise au moins 3 heures par nuit l'appareil et ce, à raison de 20 jours par mois sur 30. Ça c'est le minimum. Si non houalou ; la Sécu ne prend pas en charge en dessous de ça. Les cauchemars ont peur de mon appareil, ils me fuient la nuit. Mais le jour, la Sécu s'en occupe. Je me demande comment ils font les gens qui travaillent à la Sécu : faire des choses comme celle-ci, conne et inutile. Et puis coûteuse. Comment font-ils ces gens pour travailler à ça ? Faire des trucs cons et inutiles, basés sur le principe que la boite qui fournit l'appareil est une entreprise d'arnaqueurs, que le toubib qui reçoit les résultats fournis par l'appareil est un truand qui fait des faux et usage de faux. J'imagine le mec ou la nana qui dit : « on va brancher un appareil en plus pour vérifier, parce que les gens qui soignent le vieux con sont des branleurs. » On vit une époque formidable. Il paraît que le monde de l'au delà est très beau. C'est un mec qui travaille à la Sécu qui me l'a dit.