L'insoutenable nudité de ce qui est.

Au très beau milieu de la nuit, alors que le dragon souffle et que les enfants se recroquevillent davantage, la pluie claque violemment les volets. Cette violence bienfaitrice, libératrice d'odeurs les plus subtiles me sort d'un rêve. Un rêve étrange animé d'acteurs nouveaux, inconnus, aux traits marqués, très spécifiques. Sans exagérations terrifiantes ou sans beauté angélique. Non, des personnages comme on en rencontre au quotidien. Je suis accompagné d'une personne, sans doute Valérie, qui, avec moi devons sélectionner une kinésithérapeute. La première candidate est trahie rapidement devant une patiente souffrante et vis à vis de laquelle elle se montre maladroite. La deuxième candidate est la copie conforme de la première. Un visage ingrat, cachant très mal une mentalité déplorable, un état d'esprit désespérant.

La troisième candidate présente le visage d'une personne passionnée, mais qui a souffert, qui a du se battre contre l'adversité. Elle s'investit d'une manière convaincante dans le soin qu'elle apporte à la patiente. Elle demande à la patiente de se déshabiller. Elle-même se dénude. Je détourne le visage pour ne pas voir son sexe. La patiente a un petit sexe de garçon, ce qui ne trouble en rien la kinésithérapeute. Celle-ci se met immédiatement à l'ouvrage. Patientes et thérapeutes sont nues. Le travail produit un effet bénéfique, ce qui nous convainc de la recruter.

Avec quel événement très actuel, pourrais-je associer un tel rêve ? Aujourd'hui, ce qui m'accapare moralement, essentiellement, c'est la relation de couple que je vis. Probablement la fin d'une histoire d'amour. Peut être ou alors après l'orage, le ciel redevient bleu et s'offre aux hirondelles. Peut être, l'espérer est aussi une source de souffrance, une illusion qui nous frêne. Se mettre à nu pour soigner son corps. Un corps chaud électrisé d'une énergie inépuisable, réceptacle de l'esprit. Nous recevons trois candidates, les deux premières ne signifient rien sans la troisième. Et la troisième doit succéder aux deux premières pour être. La dualité a amoindri le sexe viril, réduit à l'état de celui d'un enfant. C'est la troisième candidate qui lui redonnera toute sa virilité malgré le fait que je détourne mon regard de la nudité de la candidate sélectionnée et qui opère déjà le soin régénérant.

Un couple se dénoue souvent parce que l'esprit n'habite plus le corps dans le cœur de la relation. Le doute, la crainte et puis la peur créent une distance insidieuse et qui semble devenir irréparable. Le couple cherche une bouée. Cette bouée ressemble souvent à des reproches, de la mauvaise foi, de la colère, puis de la haine, dès lors que l'aveuglement nous fait détourner le regard de la vérité toute nue.