Un amour perdu
- MB
- 16 sept. 2014
- 2 min de lecture

Il faut dire que c'est fini. Et dire que c'est fini. Lorsque ceci est acquis, d'une manière irréfutable, lorsque cette évidence s'impose totalement, il reste, il ne nous reste, du fond de nous, qu'un étrange vide. Étrange vide débarrassé de toute illusion. Et si je parle de passion, je me trouve ridicule. De quoi s'agissait-il ? C'est la seule question qu'il nous reste après le déluge. Tout a été dévasté, emporté. Il ne reste rien. Un vide. Un grand vide sidéral. Mais de quoi s'agissait-il ? Cette question hante la raison revenue. L'incohérence, la folie, le miracle, la magie de la rencontre, l'or issu de l'alchimie de deux âmes qui fusionnent. Tout cela c'est dissout par l'émergence de la raison revenue. Alors c'est bien fini.
Et si j’essayais de me souvenir de ce feu ravageur que d'aucun jalousait ? On nous avait tant rabâché que c'était impossible, que ça ne pouvait se faire, que c'était pure folie. Nous étions accablés par les oiseaux de mauvaise augure, ricanant à notre passage. Les pires désillusions nous étaient promises. C'était inadmissible. C'était une faute. C'était contre nature. Cela pouvait être puni. Ce le fut sous l’opprobre de l'entourage, de la bouche même des amis. D'ailleurs, certains de ceux-ci nous assenaient : « Ce n'est qu'un plan cul ». Nous étions alors accueillis par un silence bienveillant encore plus assourdissant.
Et si j'essayais de me souvenir, mais que faire surgir du vide ? Que du vide. Des nageurs rares du fond des eaux ont remonté des vases. Et dans ces vases, il n'y avait rien qu'un peu de vase (salut Léo).
Les oiseaux des mauvaises augures avaient raison. Nous ne les avons pas écoutés et nous payons aujourd'hui le prix fort. Nos corps sont flétris, nos âmes blessées. Le cœur brûlé ne servira plus à personne. Je ne parviens pas à me souvenir de quoi que ce soit. Il ne reste rien qu'un peu de vase. Un goût amer. Une vague nausée, le retour, ici bas, sur le plancher des vaches. Jamais plus il me sera donné d'exploser de joie, de vivre en moi, le chant infini d'une symphonie, de vivre en moi dans l’allégresse des retrouvailles, le concerto n° 5, dite de l'Empereur, la saveur inouïe des senteurs folles du monde, de l'univers, du grand tout. Dans ses bras, ou la mort me guettait comme une belle promesse d'éternité. Jamais plus. Les gens avaient raison. L'ordinaire avait raison. La raison avait raison. Je referme la page. Des gens veulent me consoler en cachant difficilement un vague sourire moqueur. Il faut dire que c'est fini. Le dire et le mettre en scène. Le transformer en gaudriole. En fantaisie. Rire du Pierrot pleureur, abandonné de sa Colombine. Prier. Se mettre à l'ombre d'un vieil arbre. Méditer. Toucher avec respect le vide. Ressaisir les mains tendues de la compassion et exprimer sa gratitude. Seigneur Jésus, votre cœur m'est ouvert. Recevez-moi. Je parlerai d'amour en votre Nom, dans la vigueur retrouvée de la vérité. Le chemin de la vérité m'est offert. Seigneur Jésus, je vous en suis incommensurablement reconnaissant. Seigneur Jésus, qu'il me soit donné de dire votre Nom à l'envie et que l'Amour que vous inspirez abonde sur la têtes des pauvres bougres de retour d'un amour perdu.
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