Enfin l'automne !

En ce début d'automne, la pluie abonde. La nature fatiguée d'avoir donné tant de fruits et de plaisirs, recueille l'ondée réparatrice. Les ruisseaux, rivières, d'ordinaire modestes, se gonflent d'une envie trop longtemps restée vaine. Ils charrient détritus de toute sorte dont les bras morts d'arbres épuisés. La terre est grasse. De son jus s'élève une moiteur à deux doigts d'être suffocante. Mais de cette humidité en suspension viennent des senteurs enivrantes. Cœur de la nature aimée de soleils et de nuits étranges et trépidantes. Le corps est las et traîne une langueur sucrée qui se goutte en fermant les yeux, la brise automnale berce nos âmes brisées d'un amour éteint. C'est le temps où les souvenirs se posent comme des oiseaux migrateurs, arrivés au bout de leur course, exsangues.

L'Archange SAINT MICHEL tient au bout de sa lance la gueule immonde du monstre ainsi rendu inoffensif. Mais comme nos souvenirs épuisés, le monstre souffle un retour promis vers les affres d'un avenir terrifiant. Dieu tout puissant, nous afflige d'épreuves éreintantes et ne suspend son étreinte qu'à ce moment là du cycle des saisons, quand le temps des souvenirs freine pour un temps les regrets. La bête blessée lèche ses plaies encore sanguinolentes ; mais des brumes automnales, s'élève la compassion langoureuse de la nature. Elle incite de la sorte, à fermer les yeux, à oublier l'exigence de demain. Seul compte alors, le repos, le premier goût de la mort lente. Le goût de cette mort libératrice qui s'insinue dans nos âmes endolories et vagabondes.

Seigneur Jésus, qu'il est doux cet automne moite et fébrile, goutteux et enivrant de ses effluves terriennes. Seigneur Jésus, qu'il est doux le goût de l'espérance que votre Amour nous inspire. Seigneur Jésus, ne doutez point de la fidélité de mon âme consacrée à Votre Enseignement.