Charlie, c'est le jour d'après.....
- MB
- 8 janv. 2015
- 3 min de lecture

C'est le jour d'après. J'ai le cœur déchiqueté. Et je ne suis pas le seul. Une plainte venue de loin nous serre les tempes. Une violente acidité m'envahit la bouche.
Et quoi ? Mais que se passe-t-il ? Ou sommes-nous ? Ce n'est plus le même monde. Les bruits ne sont plus les mêmes. Le regard des gens s'est assombri, mais curieusement, laisse un espace étrange. Cela ressemble à un sentiment qui voudrait dire : « Je suis proche de toi », « Je te prends la main ».
Dans les jours qui ont précédés ce jour là, certaines, bonnes, fortes et aimables personnes m'ont entretenu des douleurs provenant de leur cœur. Tachycardie intempestive, début d'infarctus. Le cœur se serre et fait mal. Le tout sur un fond d’inquiétude que l'on pourrait prendre pour une forme de stress.
Je devais monter à Paris à l’Épiphanie. Plusieurs jours avant, évoquant mon futur voyage, je n'éprouvais aucun plaisir à cette perspective. Totalement à contre sens de mes précédents déplacements. Une sorte de crainte, d'embarras, m'habitait. C'était incompréhensible. En me concentrant, j »examinais ce sentiment. Je n'en trouvais aucune explication. Pourquoi donc je n'ai pas envie de revoir des gens que j'apprécie
et même que j'aime ? Je demeure étonné, sans réponse, je sens un vide. Une information s'y déverse. Je ne sais pas la lire, mais j'en sens le goût. Une acidité violente dans la bouche, et la saveur âcre du sang.
Et puis nous voilà le jour d'après. Un séisme. Une violente intention se propageait déjà depuis quelques jours et le crime odieux ébranle l'univers. Notre conscience nous impose donc, de ne pas fléchir, de nous redresser, de retrouver notre pleine verticalité. Résister et surtout revendiquer nos valeurs. Extraire de la barbarie, la détermination de transformer la folle énergie de cette violence en énergie faite d'espérance qui reliera les femmes et les hommes épris de liberté. Il nous faut croire au meilleur. Après avoir pleurer nos amis, vient le temps de l'amour face à la haine.
Écoutons les désespérés. Partageons un moment avec les âmes perdues. Tendons la main aux grincheux, à ceux et celles emmêles dans la colère et la tentation de la vengeance, de la haine aveugle. A la haine, nous ne répondrons pas par la haine, mais par l'amour. Avant de parler d'amour, bien sur, nous parlerons de justice, et devant l'histoire de l(humanité, ces barbares devront s'acquitter de leurs crimes. Puis viendra le temps du pardon. Et enfin viendra le temps ou nous jetterons les armes. Viendra le temps ou la différence sera, non seulement tolérée, mais enrichissante. Et le gamin terrorisé, les mains ensanglantées par ses crimes, le pauvre hère suffocant de haine, ce misérable ayant perdu figure humaine, sera reçu, écouté, encouragé et converti à l'amour.
C'est possible, plus que jamais, surtout maintenant, soyons tendus vers ce but. Mais oui, ce n'est plus le même monde, dans nos cœurs, l'ancienne source de l'espérance intarissable a rejaillit, allons nous y abreuver. Ainsi ce monde, sera le monde d'après, car nous nous souviendrons que le sentiment de fraternité existe bien en nous et qu'il est toujours prêt à refleurir comme aux plus beaux jours du printemps. Mais l'émotion reconnue, comme un petit oiseau perdu, palpitant pourquoi ? Pourquoi ? Sommes-nous ainsi plongés ressourcés en et par ces valeurs communes, héritées, préexistantes en nous ? Tout se passe comme si au fond, collectivement, nous sommes agis par un mythe échappant à notre conscience mais qui s'éveille lors de tel séisme.
C'est CABU, CHARB,WOLINSKI, et ceux qui partagent le même rire qui sont les déclencheurs de la vigueur vivante de ce mythe. Pourquoi ? Parce que justement, ils sont le rire. Le rire essentiel, Divin. Oui mon CHARB, le rire Divin nous le portons en nous comme une nécessité de l'être. Et si l'on veut l'assassiner ce sont les porteurs d'amour qui se lèvent et marchent ensemble.
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