Il l'a fait : 3 mois sans internet !

En conduisant Emma à l'école, j'écoute la radio. Un mec, un journaliste nous raconte qu'il a fait une expérience tout à fait exceptionnelle. Celle-ci d'ailleurs suscite une émission à part entière, digne des plus grands événements de notre époque. Pensez donc, ce journaliste, au courage exemplaire, s'est privé d'internet pendant 3 mois. Oui j'ai bien dit 3 mois. C'est insensé, pauvre homme, mais quel courage, il a enduré une épreuve épouvantable, 3 mois sans internet. Son interlocutrice à la radio, lui demande : « Qu'est-ce qui t'a le plus manqué, dit autrement de quoi as-tu le plus souffert? » Le journaliste répond après hésitation : « Acheter un billet de train, identifier le parcours à accomplir d'un point à l'autre, faire un virement bancaire et puis....avoir des informations.... » Pensez-donc, aujourd'hui, allez demander à un jeune de lire une carte routière ! Il serait effrayé par cet objet non identifié ! Ben oui, comment faire tout ça sans internet ?

Heureusement le supplice n'a duré que 3 mois. Il va falloir que ce mec se repose, s'abreuve, jusqu'à plus soif, du web et de ses guides rassurants....il va enfin pouvoir se reconnecter avec ses amis des réseaux sociaux, et puis tiens, pour faire bonne mesure, se créer de nouveaux « amis ». En aucune manière, et pas un seul moment, pour ces gens de la radio, le journaliste interrogé, les animateurs de la station, à aucun moment ne s'est révélé à eux, le ridicule de leurs propos, l'absurdité de la situation, l'addiction stupide à laquelle, ils se soumettent, sans réaction critique, et dans une parfaite inconscience. Merci à la divine providence, vivante en chaque instant, le long de notre séjour ici bas sur terre ! Je viens de ressentir encore, et c'est le souverain immanquable de notre existence, un rire infini, salvateur : ils sont vraiment mignons ces cocos-là. J'éprouve, grâce au rire que je laisse éclater, de la tendresse pour eux.

C'est réconfortant d'entendre ces braves gens reprendre contact avec leurs repères qui les accompagnent dans leur monde, qui les construisent. Ils se sentent mieux c'est sur. Ils font comme tout le monde, c'est rassurant, ça prouve qu'ils ne se trompent pas dans leur manière de vivre la vie, au cœur de cette belle époque qui nous offre l’opulence d'une technologie facilitant le quotidien. Merci pour eux, tant pis pour moi, je ne sais pas trop à quoi ça sert tout ça. Et puis, je ne sais pas trop l'utiliser. C'est sans doute pourquoi je n'ai pas compris en quoi c'était indispensable. Mais en démocratie, la majorité a raison. Je n'ai plus qu'à mettre mon mouchoir par la dessus. Bref, et en vérité, à moi, écrasé par la grande majorité, d'exprimer mon esprit de tolérance. J'avoue toutefois que ce n'est pas toujours facile d'être fidèle à cet esprit de tolérance. Et d'autant plus que certains, cachant dans leur for intérieur des opinions semblables aux miennes, s'écrient en cœur : »c'est mieux maintenant avec tout ces objets connectés ! Ah mais ! » C'est énervant, mais soit tolérant mon vieux.

Heureusement, ma conscience, qui cherche un chemin vers plus d'éveil, sait me consoler et distille en moi de la joie et du respect pour autrui dont le point de vue, en tout état de cause, est une source d'enseignements.

Demain, à l'aube, j'irai sur les chemins, et au cœur d'une petite chapelle abandonnée, j'irai prier pour eux.