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La sagesse de la mouche

  • MB
  • 10 août 2015
  • 2 min de lecture

Ah ! C'est étrange, quel drôle de rêve. J'éprouve un sentiment très particulier : cela ressemble au trouble que l'on ressent quand un souvenir, jusqu’alors perdu, vous saute à la gorge....Me revois-ci, semble-t-il dire, une vague nausée l'accompagne. Pourquoi maintenant ? Pourquoi cela revient maintenant ?

Rêve : « Je vole, gaiement, j'entre par une fenêtre dans un grand bâtiment rectangulaire. Cela fait penser à un temple. J'aperçois des chaises placées en désordre, de grandes tables sur lesquelles sont posés des livres, des cahiers, des feuilles blanches négligemment étalées. J'aperçois en bas des gens. Ils me voient, mais ne sont pas étonnés du fait que je vole. Je parcours les quatre coins de l'édifice puis m'échappe par une fenêtre. Je me retrouve toujours en volant, boulevard Magenta à Paris. Un beau soleil éclaire le boulevard, c'est l'été. Descend d'une rue perpendiculaire au boulevard, une voiture de luxe décapotable. Le conducteur est hilare, trois autres personnes semblent aussi bien s'y amuser. Je vais me poser sur le ventre du conducteur, et là, j'ai le sentiment de diriger le véhicule. »

Qu'est-ce que cela ? Que cela signifie-t-il ? Je prends ma plume afin de saisir cet étrange matériau, là, une mouche se pose sur mon bras, elle m'agace, je l'en chasse, mais revient aussitôt.

J'étais comme une mouche dans ce rêve. Comme mouche, je suis insouciant ; comme mouche je n'étonne personne si je vole, comme mouche je vais partout ou bon me semble. Comme mouche, j'inspecte ou bon me semble ce qu'il est possible de butiner. Comme mouche sur mon bras, le danger, la proximité de la mort ne me gêne pas. Je reviens sur le bras de l'écrivain et je me moque de son agacement. Je m'échappe et je reviens preste, saisissant la nécessité de l'instant, invité à vivre au risque de périr, conscient de la futilité de l'existence. Comme mouche du coche de La Fontaine, j'ai la conviction de conduire ces gens à bon port. Les chevaux peuvent me remercier de ma peine. Comme mouche, je n'ai cure des sentiments, des peurs ou des joies des autres. Comme mouche, je vis l'instant comme une éternité, ravie de vivre avec la mort aux trousses. Je comprends ce rêve. La sagesse de la mouche. La vacuité sans jugement, ni crainte, être au contact des possibilités immédiates, la vie éphémère ouverte à l'infini. Rien ne dure, la mouche s'envole et agacera, dans la seconde qui suit, un fâcheux irrité par la chaleur suffocante d'un après midi d'été.


 
 
 

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