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Les jours d'après la nuit du 13 Novembre

  • ramoncelli
  • 4 janv. 2016
  • 6 min de lecture

Nous y voici. C'est l'année qui suit.

Notre conscience avivée, passée au feu de l'irrévocable, ne peut l'ignorer. 2015 c'est consumé dans l'apocalypse. Saint Jean décrète la conscience pure éveillée, tendue vers la vérité.

L’horreur se préparait sans doute. Mais nous étions tellement accaparés par nos consommations d'ordre infantiles en irresponsables, que nous n'avons rien perçu des mugissements lugubres de la bête immonde.

Puis le démon sordide a surgit. Courant à travers, plaines et ruelles, fauchant âmes endormies, innocentes ou puériles, âmes anesthésiées ou sensibles, le démon sordide, bavant, trépignant, galope au travers boulevards, rues et avenues. L'étrange bête féroce, venue d'un monde oublié, a semé l'horreur, dénudant les conforts intellectuels que la paresse engendrée par le matérialisme a gentiment agencé dans les âmes oisives de notre époque. Et concernés ou pas par cet état de fait, nous sentons surgir du fond de nous-même, une conscience angoissée, mais acérée, exigeante.

Il nous faut comprendre. 2015, c'est un peu nous-même, aussi, dans ce que nous avons d'irresponsable. On oublie. On remet à demain. On sait qu'il faudra. Mais oui, il y a ailleurs de l'urgence, alors la conscience qui pousse attendra bien encore un peu. La jeunesse au bar. Les journalistes rieurs, le match de football et les tifosi colorés. Nos ceintures supportant smartphone, tablette connectée, téléphones portables sophistiqués, montres connectées mesurant la palpitation de nos émotions et le nombre de nos pas quotidiens, sans compter le nombre de nos pas restant à effectuer avant que la faucheuse nous rappelle à l'ordre. La connaissance abandonnée, la prière oubliée, l'amour resté vain, la compassion endormie au cœur d'un songe, la bienveillance consacrée au seul domaine que nos fantasmes bichonnent, la rutilance de notre époque moderne nous aveuglent. Nous n'avons rien vu de ces ombres bruissantes, se calfeutrant, élaborant des projets diaboliques et pourtant voisines, proches de chez nous. Cela n'était plus pensable. Cela était devenu impensable. A force de laisser sommeiller nos capacités à exercer une conscience critique, il nous était devenu impossible de concevoir une telle horreur. Ou bien encore, si certains spécialistes en dessinaient les silhouettes, ces monstres demeuraient loin de nos pauvres pensées.....et pourtant.

Mais nous y voici ; maintenant commencent les temps d'après. Les gouvernants gouvernent, mais nous, qu'allons nous faire signifiant une prise de conscience responsable, engagée dans la reconquête de l'humain au cœur de nos sociétés ? Nous avons bien entendu les foules éplorées et cela est tout à fait respectable. Les témoignages de compassion abondent. Les trottoirs et les places, les frontispices des monuments de partout affichent l'affliction qui noue les cœurs. Mais les gouvernants et les foules, pour légitimes que soient leurs sentiments, ne nous exonèrent pas de la question suivante : et toi, maintenant que vas tu faire pour changer et changer le monde, comment vas tu veiller sur la flamme de ta conscience ? Toi et moi, je et tu que faisons nous ? Comment et dans quel but ? Il nous appartient d'être précis dans la définition du but et comment celui-ci va se déployer dans le temps avec quels moyens et quels sont les critères qui nous permettront de mesurer à quel point nous avançons vers ce but. Et là, tout de suite, je dois me corriger : à la place du nous, je place je afin que je/nous soient parfaitement corrélés. Humblement, j'oserais avancer que la clef par laquelle s'ouvrira les portes sacrées du monde nouveau et le but, son horizon, est la conscience. La claire conscience éveillée, attentive et bienveillante, lumineuse et croissante. Il nous appartient, il m'appartient de conquérir cette clef, d'en faire bon usage et d'en partager les vertus. La conquête de cette clef c'est aussi la conquête de nous-même, de notre vérité profonde. Renouer avec nous-même. Nous examiner. Affronter nos zones d'ombres. Organiser régulièrement l'effort de l'introspection. Méditer sur celles-ci. Distinguer de nos zones d'ombres ce qui va faire notre force pour demain. Parce que demain nous demande de reconstruire ce que nous avons saccager en parfaite inconscience, en ignorant des signes plus ou moins manifestes qui annonçaient le désastre. Cet effort introspectif demande rigueur, constance et partage. Les fruits identifiés comme possibilités nouvelles doivent faire l'objet d'entreprises. Prendre le risque de changer, de construire, d'assumer nos erreurs, extraire de celles-ci le suc puis repartir à l'assaut. Et si je meurs, je renaîtrai. Je reviens ici avec une nouvelle conscience, avec le désir de partager, de donner, de donner à ceux qui me tendent la main. J'ouvre ici une parenthèse : donner à ceux qui me tendent la main. Intervenir si on nous le demande. Cela me renvoie à ce reportage vu sur une chaîne publique qui se déroule en Afghanistan. Un bourbier guerrier. Une parcelle de ce bourbier est investi aujourd'hui par des talibans. Ils ont érigé ce territoire en émirat. Ils contrôlent militairement ce territoire. Les talibans interrogés annoncent clairement la politique établie en ces lieux. Tout cela fonctionne d'une manière archaïque, repliée sur elle-même. Une société semblable à celle de nos contrées au 18 ème siècle et encore, peut être plus ancienne. Exception faite des armes que certains guerriers présentent fièrement comme une reconnaissance acquise. Les visages sculptés à la serpe affichent une simplicité paysanne, ou rustique. Les talibans interrogés affirment qu'ils sont maintenant en sécurité. Les américains ont fui et selon le principe de la terre brûlée. Ils ont tout à reconstruire. Ils reconstruisent sur un mode très simplifié avec un minimum de confort. La paix, selon eux, est envisageable parce que les occupants sont partis. Ils sont livrés ainsi à leur sort et cela leur convient bien. Certes, la gente féminine, considérée comme un sous produit de l'humanité, en pâtit. La femme est asservie. Au delà de 11 ans, en gros vers l'âge de la puberté, l'école lui est fermée. Son rôle est strictement contenu au foyer et à la production de son ventre. Cela convient bien à cet émirat.

Ce qui frappe ici c'est l'énorme antagonisme entre cette société et notre société occidentale. Comment ce brave homme portant fièrement son arme, voit-il notre monde occidental ? Il vient de sortir de son champ de patates, on lui a balancé une arme dans les bras. Il est content, un peu ahuri, il faut bien le dire, comment voit-il l'orgie matérialiste du monde, là bas ? Un monde étrange, des gens construisent des tours d'acier de 500 mètres de haut, des gens qui se dirigent grâce à des satellites, bardés de matériels électroniques, gérés par des puces électroniques. Des gens mi-homme, mi-machine. Cela doit être ça l'image de Satan. Les bouseux affublés de mitraillettes sont protégés par des chefs qui leurs délivrent un monde à deux faces, d'un côté, il y a le bon musulman que tu es, prêt au martyr abreuvé de la litanie d'un discours sans doute abscons pour lui mais prononcé par l'autorité protectrice ; et ce soir, il pourra faire un gosse à la jeune épouse qu'on lui a attribuée et de l'autre, Satan fouettant en ricanant des hommes-robots et croisés de surcroît. Les talibans interrogés affirment que la paix est possible si on les laisse en paix s'arranger avec leurs principes fussent-ils à nos yeux d’occidentaux, des principes d'un autre âge.

Et si c'était vrai ? Si la paix était à ce prix. Peut-être. Nous pouvons émettre l'idée selon laquelle il leur appartient de fomenter une révolution qui instituera une société plus respectueuse de l'humain. D'ailleurs, ne sommes nous pas passés par là ? Laissons les faire leur révolution, et si d'ici quelques décennies, ils ressentent quelques besoins vitaux pour la subsistance de leur émirat, qu'ils frappent à la porte de l'autre monde qui leur semblera finalement, à force de révolutions, compréhensible et qu'ils demandent de l'aide, et comme il est dit dans les Évangiles, ils auront.

En psychothérapie cela marche ainsi. Le patient fait la démarche d'une demande de soin. Cela passe par une prise de conscience, parfois douloureuse ; émerge alors le désir de changer, de s'ouvrir au monde, à la vie dans d'autres conditions. Dans ce domaine, la bonne âme ne peut pas aider un individu en détresse, en détresse selon le jugement de la bonne âme, si celui-ci, l'individu, ne l'a pas demandé. Selon le principe fort simple qu'à la base la bonne âme ne sait rien, ou peu, de l'individu en question. L'élément dont il dispose n'est simplement que le fruit de son jugement. Et donc parfaitement subjectif, en rapport avec sa propre expérience. Nous n'imposons rien à celui que l'on ne connaît pas ou que l'on connaît qu'à partir de notre seul jugement. Finalement ce principe incontournable dans le domaine de l'accompagnement thérapeutique, ne peut-il pas se reporter dans toutes les situations de relation à l'autre ? Et donc en géopolitique ? Cela revient donc à se recentrer vis à vis du respect du à autrui basé sur le socle d'une disponibilité ouverte à l'empathie humaniste. Mais pour se faire et en toute circonstance, encore faut-il bien se connaître et donc accèder à la claire conscience éveillée dont nous avons parlé plus haut.


 
 
 

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