Il pleut

Il pleut sur l'outrage fait à la terre mère. La tristesse s'infiltre dans ses meurtrissures béantes. Accablé, j'ai le poids de ses confidences. Mon propos fut de les transformer afin d'en faire de la matière à l'épique d'une genèse qui, en tant que référence, aurait calmé le questionnement d'un doute pervers. Il pleut et rien n'

est élucidé. Les meurtrissures de la terre mère demeurent sous le sédiment de l'oubli, menace d'une irruption sulfureuse dont on ne sait rien des limites. Faut-il oublier ou bien s'appuyer sur l'exploration intégrative d'une expérience, d'une série d’événements dont la narration aura eu le mérite d'en distinguer les enchaînements.

Il pleut et le temps se pose, s'assoupit, comme si se terminait une époque, un monde.

Ce ressenti provient-il du fait de l'écrit de quelque chose de connu, d'évoqué à la cantonade ? Les paroles s'envolent, elles ne marquent guère quand, d'une certaine manière, on se refuse à comprendre. L'écrit nous interdit cette reculade. Il t'oblige à comprendre, à intégrer, de faire de cette histoire, les éléments de ta propre origine et donc de l'assumer. Je ne suis pas d'ailleurs ; je proviens de ces souffrances.

Il pleut sur l'outrage fait à ma mère, il y a de cela des lustres. Mais l'outrage est vivant, accaparant, appelle la miséricorde. Cette miséricorde dont j'ai rêvé, mais nullement consenti à exprimer. Et ce jour l'expression de cette nécessaire miséricorde me traverse, bouscule mon âme, même si celle-ci s'en régénère.

Que vienne le temps où plus rien du passé nous retiendra, et ouvrira nos cœurs à un monde nouveau. Un nouveau monde qui saura établir la paix du cœur.

De l'outrage fait à ma mère, naît une conscience nouvelle qui appelle à ce nouveau monde. Ce monde nouveau, c'est aussi celui du Seigneur. Seigneur Jésus, que votre cœur est accueillant ! J'y viens puiser la source de l'amour que j'offre à mes sœurs, mes frères, à ma mère. Ce jour, j'ai envoyé à ma mère la rédaction de ses confidences des années 35/45.